L'HISTOIRE ET LA PHILOSOPHIE   DU KARATÉ


Le karaté (空手道, karaté-do) est un art martial japonais. En japonais, le kanji (idéogramme) "kara" signifie le vide, ou plutôt la vacuité au sens boudhique du terme, "te" est la main ainsi que la technique que l'on réalise avec la main. On traduit donc littéralement karaté par "la main vide" Cet art martial associe en un système de combat, d’autodéfense, de conditionnement physique et de développement spirituel différentes techniques de percussion qui utilisent toutes les armes naturelles du corps humain (mains, coudes, bras, pieds, genoux, tête) en vue de bloquer les attaques d'adversaires et/ou d'attaquer. 

 

Le karaté moderne tire son origine des boxes chinoises (唐手, To-De) un art de combat à mains nues, pratiqué sur l’île d’Okinawa.

Les techniques regroupent des parades, des esquives, des balayages, des projections et des clés. Les contenus techniques sont parfois nettement nuancés en fonction des différents styles de karaté (shotokan, wado-ryu, shito-ryu, goju-ryu, ...).

Les origines de l'art

Les premières traces de techniques de coup de poing ou de pied remontent jusqu'à la Chine ancienne ou un moine boudhiste nommé Bodhidharma (également connu sous les noms de Daruma en japonais, ou Da Mo) venu de l'Inde au début du VI siècle, passa par le célèbre « monastère de la petite forêt» (Shao Lin Shi en chinois, ou Shorinji en japonais).

 

Il laissa à ses moines les premières techniques appelées « boxe de Shaolin » (Shaolin-chuan) ou encore (quanfa -méthode poings) et applicables au combat à main nue. Le monastère fut réputé au cours des siècles suivants pour les techniques de combat craintes et respectées dans toute la Chine.

La porte du temple de Shaolin, situé dans la province chinoise du He Nan, au centre de la Chine. Ce temple est considéré comme le berceau des arts martiaux chinois, lesquels ont influencé le karaté d'Okinawa. C'est en 495 de notre ère que l'empereur Hsiao-Wen le fit construire.

 

Ces arts martiaux chinois (Wushu ou Kuoshu) furent longtemps connus en Occident sous l'appellation kung-fu. Au Japon, ils prirent le nom de kempo.

Boxe chinoise

De la Chine à Okinawa

Grâce aux échanges commerciaux et culturels entre la Chine et l'île d'Okinawa située au sud du Japon, ces arts martiaux ont été importés, développés et perfectionnés pour devenir le karaté. Les plus grands experts (dont Gichin Funakoshi, Kanryo Higaonna, Chojun Miyagi, ...) proviennent de l'île d'Okinawa, et c'est à ce titre que le karaté est considéré comme un art martial d'Okinawa. Gichin Funakoshi senseï est considéré aujourd'hui comme le père du karaté moderne. Il n'en est pas l'inventeur, mais plutôt le promoteur.

Il n'y a pas de trace écrite de la transmission de ces techniques à Okinawa, qui est considéré comme le berceau du karaté moderne tel qu'il est pratiqué aujourd'hui. on peut toutefois dire que le karaté est un mélange entre la méthode chinoise To-de (main chinoise) et les arts martiaux existant sur l'ïle où s'élabora la forme définitive de " l'art de la main vide" ou Karaté-do.

 

En 1409, le roi Sho Hashi unifie les 3 territoires de l'île d'Okinawa (Chuzan, Hokuzan, et Nanzan) qui étaient constamment en guerre. Par crainte de révoltes, il interdit la possession et l'usage des armes, qui sont alors stockées dans des entrepôts royaux. Le port d'armes étant interdit au peuple, les arts de combat connurent ainsi un rapide développement, accéléré par l'installation du clan Satsuma et l'occupation de l'ïle par les samouraïs japonais en 1609. Les entraînements au combat se faisaient la nuit, dans des jardins fermés, et dans le plus grand secret, et la transmission des techniques s'établissait de manière orale. Petit à petit cependant, des experts plus doués émergèrent du lot des pratiquants, les styles se diversifièrent et des maîtres, chefs de file, codifièrent leur enseignement, laissant de moins en moins de place à l'improvisation.

Les techniques de combat à mains nues devinrent réputées et d'une efficacité meurtrière, même face à un guerrier armé. En adaptant les méthodes de combat chinoises, les habitants d'Okinawa ont développé ce qui est devenu l'Okinawa-Te (Te signifiant main).

Au cours du XIXe siècle, les écoles prendront le nom de la localité où demeurent les adeptes, laissant apparaître deux courants : shuri-te pour la ville de Shuri et naha-te pour la ville de Naha. Un troisième courant (tomari-te) s'est également développé, combinant certaines techniques des deux précédents.

Deux samouraïs avec leurs armures

La période contemporaine

Au tout début du XXe siècle, l'étude du Okinawa-te, au prix toutefois d'un certain nombre d'aménagements excluant toute blessure, apparait dans les programmes de culture physique de l'île, comme moyen d'éducation pour les jeunes. Itosu Anko (style Shorin, basé sur les déplacements longs, rapides et légers) et Kanryo Higaonna (style Shoreï, surtout efficace pour le combat à courte distance, et plus en force) en furent les pionniers. Le mot Okinawa-Te a été remplacé par le mot Karaté-Jutsu (唐手術, littéralement « technique de la main de Chine). En 1904, le gouvernement de Tokyo autorise la pratique du karaté dans les écoles, comme faisant partie de l'éducation physique et sportive.

 

Ce n'est que dans la période 1915-1925 qu'eut lieu l'ouverture de l'Okinawa-Te vers l'extérieur grâce à Gichin Funakoshi, professeur à l'école supérieure de pédagogie d'Okinawa. Il enthousiasma les japonais par la première démonstration de karaté.

En 1922, après une deuxième démonstration de karaté qu'il offrit au public japonais, il fut prié de rester au pays pour y enseigner sa méthode. Funakoshi coupa tout lien avec l'origine chinoise et okinawaïenne de son art. La technique qu'il enseigna fut nommée "shotokan" par ses disciples, du nom de la salle d'entraînement (kan) dans laquelle se déroulait le cours, et de Shoto, son nom d'emprunt sous lequel il écrivait ses poèmes.

 

Il insistait beaucoup sur la valeur spirituelle des gestes qu'il enseignait. Pour preuve le rajout du suffixe "do", afin de placer son art au niveau de celui des arts martiaux japonais (Budo) et rappeler que son karaté permettait lui aussi une approche de l'ancien esprit des samouraïs.

     Gichin Funakoshi

En 1936, ce fut le début du karaté en tant que sport de combat. La nouvelle formule évitait les risques de blessure et permettait l'organisation de compétitions. cette année vit également la tenue de la première compétition de "jiyu kumité " (combat libre). Avant cela, il n'existait que des tournois de katas.

 

Eclate ensuite la deuxième guerre mondiale. L'ïle d'Okinawa est dévastée et un grand nombre d'experts, archives vivantes, disparaissent. Les japonais étudient alors plus que jamais ces techniques inventées par des paysans sur cette ancienne colonie. La relève est enfin assurée et la pratique du karaté ne fera que se propager au monde entier.

Le Niju Kun

Gichin Funakoshi donna un résumé de sa vision du karaté dans ses vingt principes appelés Niju Kun. Ces préceptes couvrent non seulement une vue plus large de Gichin Funakoshi au sujet du karaté, sa base sociale et morale fondamentale, mais donnent aussi un avis sur des principes techniques, des principes d'autodéfense, et sur la façon d'intégrer le karaté dans la vie quotidienne.

Karate do wa rei ni hajimari, rei ni owaru koto wo wasuru na

karate-do : la Voie du karaté

rei : courtoisie, salutation, salut, gratitude

hajimari : début

owaru : finir

koto : chose

wasuru na : n'oubliez pas

 

Règle 1: N'oubliez pas que le karaté-do commence et se termine dans la courtoisie.

 

Sans la pratique de la politesse et du respect, il n'y a pas de progression possible dans la Voie. Le respect de l'étiquette, symboliquement marqué par le salut (Rei), crée l'harmonie en soi et autour de soi.

"La notion de respect envers ses partenaires d'entraînement est primordiale. Il est important d'être poli pendant l'entraînement avec un partenaire, de ne pas être arrogant ,ou se croire supérieur. Cependant, la politesse et le respect ne doivent pas être limités aux quatre murs du dojo. À la maison, on écoute ses parents. Au travail, nous n'allons pas à l'encontre de l'avis de nos supérieurs. À l'école, on porte attention aux paroles des professeurs. " Gichin Funakoshi

Karate ni sente nashi

karate : main vide

sente : le premier geste, le premier mouvement, l'initiative

nashi : n'est pas là, n'existe pas

 

Règle 2: En karaté, l'initiative est sans avantage. 

 

Ce précepte est sans aucun doute l' un des plus célèbre. Il a été gravé sur la pierre de son mémorial élevé au temple Enkakuji de Kamakura. Le karaté ne doit servir en aucun cas à attaquer. Ici, Funakoshi ne parle pas de la voie du karate (karate-do), mais de la technique.

Cette sentence résume toute l’attitude qui doit être à la base de la pratique du Karaté, et des arts martiaux en général. Le premier mouvement, et même si de l’extérieur il peut être perçu comme une initiative d’attaque, doit être conçu comme une défense. 

Le karatéka ne doit pas manifester d'agressivité, et la réponse qu’il peut être amené à donner lorsqu’une confrontation est inévitable ne saurait être qu’une défense, suivie d’une riposte contrôlée en fonction de l’agression. Ni agressivité, ni violence. Singulièrement, tous les katas Shotokan commencent par une technique défensive. Cette volonté de ne pas commencer le combat, la sérénité et l’harmonie qu’elle sous-entend, doit être présente au Dojo comme dans toutes les choses de la vie.

Un témoignage de Taiji Kase : "Mon conseil pour les pratiquants de karaté do est très simple: il faut bien faire attention à ce qu'a dit Gichin Funakoshi “Karate Ni Sente Nashi”. Il faut comprendre ce concept de manière très profonde. Aussi bien au niveau mental qu'au niveau technique. Il faut faire en sorte que l'agresseur possible comprenne mentalement qu'il vaut mieux pour lui ne pas attaquer, qu'il le sente et qu'il l'accepte. C'est là le véritable sens de la maxime “Karate Ni Sente Nashi”: que l'adversaire renonce à sa première attaque et qu'ainsi l'agression ne se produise pas. "

Karate wa gi no tasuke

gi : justice, droiture, loyauté, didélité, sens

tasuke : aide, secours, délivrance

 

Règle 3: Le karaté est l'aide de l'équité. 

 

Le karate est un instrument de justice. La pratique de cet art doit développer un esprit ayant une vision juste des choses de la vie et aussi, s'il y a lieu, rendre possible d'intervenir physiquement pour une cause juste. Pour Funakoshi, Le karate do vise le perfectionnement tant de l'esprit que du corps.

"Respectez les règles de la morale dans votre vie quotidienne, en public comme en privé. Personne ne peut atteindre la perfection en Karate sans avoir compris qu'il s'agit par dessus tout d'une foi, d'une voie. Le karatéka en offrant son aide et en acceptant celle des autres apprend à donner à l'Art la dimension d'une foi." Gichin Funakoshi.

 

À travers l’apprentissage des techniques et du geste parfait, le karatéka développe son énergie vitale, le Ki, mais se construit un état d’esprit, le Shin, fait de maîtrise de soi qui le détourne de la violence à travers laquelle il s’est en quelque sorte "formé". La voie de l’art martial authentique se doit d'être une voie éducative, celle de la paix et de la non-violence. Il y a dans tout art du Budō, trois composantes intimement liées dont la proportion varie en fonction de l’âge et du niveau dans la progression du pratiquant : les éléments corporels (Tai), les éléments techniques (Ghi), les éléments mentaux (Shin).

La méconnaissance de l’un comme de l’autre de ces principes entraînerait très vite le pratiquant dans une fausse direction avec, comme résultat, la non obtention de l’efficacité réelle, voire de troubles dans son comportement au quotidien. Les adaptations sportives contemporaines des Budō anciens n’expriment que très faiblement (et pour certains, pas du tout), ce type de préoccupation. Ainsi la pratique systématique de la compétition privilégie parfois trop largement les résultats externes (l’ennemi est au dehors), au détriment de la recherche interne (l’ennemi est en soi), qui devrait être la véritable motivation du Budoka.

Mazu jiko wo shire, shikashite ta wo shire

mazu : premièrement, tout d'abord

jiko : soi-même

shire : connaître, savoir

shikashite : et, aussi alors, puis

ta : les autres

 

Règle 4: Avant tout, connais-toi, ensuite connais les autres.

 

Il faut connaître ses forces et ses faiblesses, ne pas être complaisant envers soi. Ensuite seulement porter un regard, une appréciation, une évaluation sur l'autre. Azato, un professeur de Funakoshi, avait l'habitude de dire : "Connaître son ennemi et se connaître soi-même : c'est le secret de la stratégie". 

À force de pratique, le karatéka connaît ses techniques favorites ainsi que ses propres faiblesses, en combat il doit connaître ses propres points forts mais aussi ceux de son adversaire.

Gijutsu yori shinjutsu

Gijutsu : technologie, habileté, art, compétence

yori : plus que 

shinjutsu : spiritualité

 

Règle 5: L'esprit (la force psychologique) avant la technique. Funakoshi demande ici de penser en termes d'amélioration de son attitude mentale, au lieu de ne penser qu'à l'exécution technique. 

 

"Le Karate-Dō vise le perfectionnement tant de l'esprit que du corps et les louanges des seules prouesses physiques doivent être bannies. Comme le saint bouddhiste Nichirien l'a dit si justement, on n'étudie pas les sutras en les lisant seulement avec les yeux mais aussi avec l'âme. Celui dont l'esprit et la force mentale se sont endurcis en adoptant une attitude ou il n'est nulle question de renoncer, ne rencontrera aucune épreuve qu'il ne saura surmonter." Gichin Funakoshi. 

Dans l'étude du Karate-Dō on dit que l'esprit est parfois plus important que la technique. À technique égale c'est l'esprit qui fait la différence. "Si tu combats, guerrier, et qu'un de tes bras casse, sers-toi de l'autre. Si l'autre casse, sers-toi de tes jambes. Si tes jambes t'abandonnent, tu peux encore mordre. Si on te coupe alors la tête, ton corps tombera bien après." Gichin Funakoshi

Kokoro wa hanatan koto wo yosu

Kokoro : coeur, esprit, noyau

hanatan : séparer, laisser la liberté, relâcher, laisser aller

koto : chose, substance

yosu : demande, exige, nécessite

 

Règle 6: Il est nécessaire de libérer son esprit.

 

Tout est dans l'attitude mentale lorque l'on fait face à un adversaire réel. Il convient d'avoir l'esprit calme, comme la surface de l'eau. L'eau lisse reflète exactement l'image de tout les objets, et si l'esprit est maintenu calme, la compréhension des mouvements d'adversaires, psychologiques et physiques, sera immédiate et précise, et ses réponses défensives et offensives seront appropriées et proportionnées. D'autre part, si la surface de l'eau est dérangée, les images qu'elle reflète seront tordues. En d'autres termes, si l'esprit est préoccupé avec des pensées d'attaque et de défense il ne comprendra pas correctement les intentions de l'adversaire créant une occasion pour que l'adversaire attaque. 

Funakoshi a dit : "De même que le miroir est clair et reflète une image sans distorsion, ou la vallée tranquille qui renvoie l'écho d'un son, ainsi doit un débutant se libérer de ses pensées égoïstes et mauvaises, car c'est seulement avec un esprit clair et la conscience pure qu'il peut comprendre ce qu'il apprend."

Wazawai wa getai no shozu

Wazawai : malheur, infortune

getai/kaitai : paresseux, négligent

shozu : produit, provoque, survient

 

Règle 7: La malchance provient de la négligence. 

 

Beaucoup d'accidents sont imputables à la négligence, à la paresse. Le moindre relâchement de l'attention lors d'un combat, peut réduire à néant les efforts de préparation et de recherche effectuées au préalable. La paresse, la négligence prend parfois des formes insoupçonnées, qui n'ont rien à voir avec le nombre d'heures passées au travail ou à l'entraînement. La principale forme est la peur. La peur du changement, la peur de perdre ce que nous avons si nous nous aventurons ailleurs. S' améliorer comme être humain, évoluer, demande du courage et des efforts que peu de gens sont prêts à faire.

"La vie ressemble souvent à un match à couteaux tirés. Avec une attitude tiède face à la vie,qui vous fait supposer qu'après un échec il existe toujours une deuxième chance, qu'espérez-vous accomplir l'espace d'une vie, qui souvent ne compte guère plus de cinquante années ?" Gichin Funakoshi.

Dojo nomi no karate to omou na

dojo : salle d'entrainement

nomi : seulement

omou na : ne pensez pas

 

Règle 8: Ne croit pas que le karate n'est qu'au Dojo.

 

La Voie, la pratique intérieure et l'importance d'un bon comportement dans tous les actes de la vie quotidienne. Pratiquer ne concerne pas seulement la technique. Ce principe se retrouve dans l'ensemble des arts martiaux pratiqués en tant que Voie. Le Budo, répètent les Maîtres, ne se pratique pas qu’au Dojo. Il constitue un art de vivre qui s’expérimente à chaque instant. Le véritable Dojo, ajoutent ils, est celui que le disciple doit se bâtir dans son coeur, au plus profond de lui même.

"Considérez la vie de tous les jours comme faisant partie intégrante de votre entraînement de karate. Ne croyez pas que que le karate n'existe qu'au sein du dojo, ou qu'il ne doit être considéré comme une méthode de combat. L'esprit de la pratique du karate et les éléments constitutifs de l'entraînement sont applicables à chacun et à tous les aspects de la vie quotidienne. Celui dont l'esprit et la force mentale se sont endurcis en adoptant une attitude ou il n'est nulle question de renoncer, ne rencontrera aucune épreuve qu'il ne saurs surmonter" Gichin Funakoshi

Karate no shugyo wa issho de aru

shugyo : formation, instruction

issho : vie entière, existence

de aru : pour être

 

Règle 9: Une formation de karaté dure une vie entière.

 

Il faut considérer le karaté comme un art de vivre. L'école bouddhiste zen et les arts martiaux ne sont pas des choses que vous faîtes ou vous apprenez, ils sont ce que vous êtes. Il est indispensable de consacrer tout son temps à se perfectionner, c'est pouquoi l'entraînement est un processus sans fin.

Arai yuru mono wo karate ka seyo soki ni myo mi ari

arai yuru : tous, chaque

mono : chose, substance

ka seyo : transformez en, transformez (commande)

soki : là, pas trop loin

myo mi : charme, beauté exquise

 

Règle 10: Le karate est dans tout ce que vous faites, là est sa beauté intrinsèque.

 

Un coup, de poing ou de pied, asséné ou encaissé, peut signifier vie ou mort. Telle est la doctrine au coeur du karate-dô. Si chaque domaine de la vie est abordé avec un tel sérieux, épreuves et difficultés peuvent être dépassées. Si un pratiquant affronte chaque difficulté en ayant le sentiment que sa vie entière est en jeu, il réalisera l'ampleur de ses propres capacités.

Il convient de relier sa vie de tous les jours au karate et ainsi découvrir la lumière de l'esprit. Il faut considérer la vie de tous les jours comme faisant partie intégrante de l'entraînement de karaté. Une tâche difficile, un examen éprouvant, une épreuve de la vie sont des occasions d'apprendre et grandir. Ce principe rejoint la règle 8 : ne croit pas que le karaté n'est qu'au Dojo.

Karate wa yu no goto shi taezu netsudo wo atae zareba moto no mizu ni kaeru

yu : eau chaude

gotoshi : comme, comme si

taezu : toujours, continuellement, sans interruption

netsudo : degré de chaleur, enthousiasme

atae zareba : à moins que vous ne donniez

moto : origine, état précédent

mizu : eau

kaeru : retour

 

Règle 11: Le karate est comme l'eau chaude, si vous ne lui apportez pas de la chaleur constante, elle refroidira.

 

C'est la base de l'apprentissage... Continuez, ou arrêtez. Cependant si vous arrêtez, la reprise de

l'entraînement sera difficile, et devra se faire d'une façon progressive et intelligente pour éviter les blessures. L'intégration d'un aspect du karaté parmi d'autres, ou une pratique irrégulière et insuffisante Seule une pratique régulière et assidue récompensera votre corps et votre esprit des fruits de la Voie.

"L'apprentissage par la pratique revient à pousser une charrette vers le sommet d'une colline: cessez de pousser et tous vos efforts auront été vains" Proverbe japonais

Katsu kangae wa motsu na makenu kangae wa hitsuyo

katsu : pour gagner

kangae : une pensée

motsu na : n'ont pas makenu : ne pas perdre

hitsuyo : requis

 

Règle 12: Ne pensez pas que vous devez gagner, mais plutôt que vous ne devez pas perdre.

 

C'est une citation qui porte à réfléchir. La plupart des textes martiaux d'arts disent que vous devriez avoir l'esprit vide de pensées. Mais ce point du Niju Kun n'indique pas cela. Il indique clairement que vous devriez penser, et ce que vous devriez penser à ne pas perdre. Plutôt que d'imaginer que vous gagnez vos matchs, et amenant alors de l'anxiété et la préoccupation du succès, pensez seulement à ne pas perdre, et évitez l'appréhension, la crainte de la perte, et l'anticipation du succès. 

L'attitude mentale obsédée par la victoire nourrit nécessairement un optimiste excessif qui, à son tour, nourrit impatience et irritabilité. La meilleure attitude consiste à se résoudre fermement à ne pas perdre, quel que soit l'adversaire, en prenant conscience de nos propres forces et en faisant preuve de conviction inébranlable le tout en adoptant une attitude conciliante dans la mesure du possible.

Tekki ni yotte tenka seyo

tekki : ennemi, rival, concurrent

ni yotte : selon

tenka seyo : changement

 

Règle 13: Transformez-vous selon votre adversaire.

 

Cette règle se rapporte à la nécessité de se rendre constamment compte de la totalité de l'adversaire et de ses mouvements. Cela signifie qu'on doit observer l'adversaire globalement. Avec le développement complet de cette attitude, la conscience se rendra immédiatement compte de toutes les ouvertures dans les défenses de l'adversaire. Face à l'adversaire, il faut sans cesse adapter sa défense.

Tattakai wa kyo-jitsu no soju ikan ni ari

tattakai : guerre, combat

kyo jitsu : vérité ou mensonge, combat intelligent, essayant chaque stratégie 

soju : contrôle, pilote 

ikan : quoi, comment

 

Règle 14: Le secret du combat réside dans l'art de le diriger.

 

Les préceptes 13 et 14 évoquent l'attitude mentale à suivre en combat. Un combattant doit pouvoir et savoir s'adapter à son adversaire; il évitera les points forts de l'ennemi pour le frapper là où il est vulnérable. Il doit éviter toute action stéréotypée. Azato disait : "Il ne faut pas se laisser intimider, mais garder la tête froide pour chercher l'inévitable faille de la garde. La victoire est alors à votre portée." Un adversaire ne doit pas vous faire changer. Il faut par contre apprendre à le commander et à le manoeuvrer. Il ne faut pas utiliser n'importe quelle technique, mais savoir analyser la situation et la gérer intelligemment.

Hito no te ashi wo ken to omoe

hito : les gens

te ashi : bras et jambes

ken : épée

to omoe : pensez

 

Règle 15: Pensez aux bras et aux jambes des gens comme des épées.

 

Nos bras et nos jambes sont comme des épées... ceux de l'adversaire aussi ! Funakoshi demande de considérer le karate comme un art martial à part entière qui doit être pratiqué avec le plus grand sérieux : "Cela implique de dépasser les simples notions d'application et de sincérité dans l'entraînement. Pour chaque déplacement, chaque mouvement de main, vous devez imaginer que vous affrontez un ennemi armé d'un sabre à la lame tranchante." Funakoshi raconte que son professeur Yasutsune Azato a déjà affronté à main nue Kanna Yasumori, un maître de sabre d'Okinawa et a gagné l'affrontement. Dans l'ancien Okinawa-te, le corps était utilisé comme une arme. Ce précepte réfère au principe même du coup frappé, l'atemi. cette méthode de combat utilisait le principe du coup porté avec force et vitesse et précision sur des points particulièrement vulnérables de l'adversaire (points vitaux). Selon le but recherché, l'atemi provoque la douleur, la paralysie, le bris d'os ou d'articulation, l'évanouissement, soit la mise hors de combat momentanée ou définitive.

Danshi mon wo izureba hyakuman no tekki ari

danshi : homme, mâle 

mon : porte, barrière 

izureba : si (quelqu'un) sort 

tekki : adversaire, ennemi

 

Règle 16: Passé votre foyer, un million d'ennemis attendent.

 

Les risques de troubles sont plus importants hors de chez soi, il faut donc redoubler de vigilance. Il est rapporté que Funakoshi n'abordait un coin de rue qu'en le contournant largement afin de ne jamais pouvoir être surpris, et qu'il apprenait à ses élèves comment tenir leurs baguettes en mangeant pour pouvoir faire face instantanément à tout danger.

Kamae wa shoshinsha ni ato wa shizentai

kamae : maintien 

shoshinsha : novice, personne inexpérimentée 

ato : plus tard 

shizentai : position normale

 

Règle 17: Position formelle pour les débutants, position naturelle pour les avancés.

 

Un débutant doit apprendre et maîtriser toutes les positions, pour obtenir une position naturelle bien plus tard. Un avancé sera capable instinctivement de se tenir naturellement, de façon détendue. Vous ne devez pas raidir votre corps. Vous devez toujours vous détendre pour être prêt à une quelconque attaque d’une quelconque direction.

Kata wa tadashiku jissen wa betsu mono

kata : forme, routine 

tadashiku : correctement 

jissen : vrai combat, vraie guerre

 

Règle 18: La pratique (kata) doit être faite correctement (parfaite), car le combat est autre chose.

 

Les katas et les exercices de base sont la moelle de l'entraînement du karaté-dô. Anko Itosu disait "Respectez la forme des katas, ne cherchez pas à en travailler l'esthétique. En combat réel, il ne faut pas s'embarrasser ou se laisser entraver par les rituels propres aux katas, le pratiquant doit dépasser le cadre imposé par ces formes et se déplacer librement en fonction des forces et faiblesses de l'adversaire.'' Une personne qui met l'accent sur le combat en négligeant la pratique des techniques essentielles sera vite devancée par celui qui s'est entraîné longtemps et assidûment avec les techniques de base.

Chikara no kyojaku, ka rada no shinshiku waza no kankyu wa wasuruna

chikara : puissance 

kyojaku : force et faiblesse, force relative 

tai : corps

shinshuku : expansion et contraction, elastique, flexible

waza : technique

kankyu : vitesse relative, lent et rapide 

wasaruna : n'oublie pas

 

Règle 19: N'oubliez pas le contrôle de la dynamique de la puissance, de la flexibilité du corps, et de la vitesse relative des techniques.

 

Il y a une grande corrélation entre la flexibilité d'un muscle et sa vitesse. "Soyez flexibles, soyez forts, soyez rapides, et employez chacune de ces qualités convenablement pour un résultat maximum."

Lors de l'exécution d'un kata, toutes les techniques ne doivent pas être faites à la même vitesse, la même force, le même rythme d'un bout à l'autre. Avec Bassai dai, par exemple, on apprend le calme et l'agilité, la puissance et les changements, les techniques lentes et rapides, la dynamique de la puissance, comment tirer parti d'une situation embarrassante et changer de blocage.

Tsune ni shinen kufu seyo

tsune ni : tout le temps 

shinen : pensée 

kufu : invention, moyen 

seyo : faite-le

 

Règle 20: Perfectionnez-vous sans arrêt.

 

Il faut vivre ses règles quotidiennement. L'objectif final de la pratique du karaté ne touche pas à la seule maîtrise technique, mais vise l'unité du corps et de l'esprit en toute occasion. Cet état d'esprit puise sa légitimité à la source de cet art martial : le combat. Pour espérer vaincre, il faut opposer à l'adversaire ses habiletés et aussi l'ensemble de ses ressources mentales : la concentration, la volonté, la calme, l'esprit de décision. 

L'un sans l'autre ne peut conduire à l'efficacité absolue. Le but n'est plus de vaincre un quelconque adversaire. Il est de se dominer soi-même entièrement, physiquement et mentalement. "L'homme de progrès travaille toujours pour se perfectionner. C'est une vertu. La plus haute est d'initier les autres." G.Funakoshi

Sources du texte de cette page:

www.esperance-karate.net

http://shotokancrsa.com

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